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From Angers to Dakar

Aguene et Diambone

1 Décembre 2014, 16:19pm

Publié par Marie Deguine

Nous sommes tous frères ! On peut débattre longtemps sur cette simple phrase, remonter à l’origine de l’humanité, réfléchir un moment à ce qui nous relie les uns les autres, si ce n’est pas le lien du sang. Que partage t-on avec son voisin ? Au Sénégal, une expression revient souvent c’est « On est ensemble », « Gno far » en wolof. On est ensemble, il n’y a pas de problème, dina bakh, ça va aller. On est ensemble, on aide l’autre, on partage avec l’autre. L’union fait la force, non ?

Nous sommes tous frères et je vais vous conter une simple histoire sur les ethies qui peuplent le Sénégal.

C’était… … on ne sait même plus quand c’était.

Aguène et Diambone, deux jumelles, tellement belles l’une que l’autre qu’elles faisaient la fierté du village… Ces deux jeunes filles savaient qu’il ne fallait pas partir à la pêche le vendredi car c’est un jour où la mer est trop agitée pour être assez sûre. Une vieille du village jalousait les jumelles ; elle leur expliqua que cette rumeur était fausse et avait été lancée par un pêcheur. Ce pêcheur voulait cacher que le vendredi était le jour où la mer était la plus poissonneuse et où l’on pêchait les plus gros poissons. Ainsi, les villageois ayant peur de sortir les pirogues en ce jour saint, la mer lui était réservée.

Piquée par la curiosité, les jumelles partirent pêcher le vendredi suivant. Il y eut une tumultueuse tempête et la pirogue tanguait au rythme des vagues de plus en plus grosses. Elle fut à un moment projetée sur les palétuviers et se brisa en deux, séparant les jumelles. Aguène s’en alla vers le Sud tandis que Diambone dériva vers le Nord.

Au village, on porta le deuil pendant plusieurs mois puis finalement, on organisa une cérémonie durant laquelle les affaires des jumelles furent emballées dans un tissu puis dans une feuille de rônier, avant d’être enfouies dans la terre. Personne ne se doutait qu’en réalité, les jumelles avaient chacune commencé une nouvelle vie.

Aguène, après avoir dérivé deux jours de temps, accosta enfin sur une plage où elle s’endormit profondément. A son réveil, elle entra dans la forêt pour y découvrir Kalobone, un villlage casamançais. Elle resta dans ce village et se maria à un cultivateur de riz, c’est ainsi que l’ethnie Diola naquit.

Diambone, quant à elle, a dérivé jusqu’à un rivage où, en s’enfonçant dans les terres, elle rencontra un beau jeune homme au teint d’ébène, muni d’un filet et de pagaies. Celui-ci lui offrit l’hospitalité et ils finirent par se marier et avoir beaucoup d’enfants, qui furent de grands lutteurs et de remarquables pêcheurs. Ainsi naquirent les Sérères.

Au village natal des jumelles, deux de leurs sœurs, en voyant le chagrin grandissant de leur mère, décidèrent de partir à la recherche des disparues. Maan, la grande sœur, partit vers le Nord, traversa les forêts de manguiers, les bolongs, les ravins, les étendues d’arbres géants et s’arrêta dans un village pour demander à boire. Mais la vieille avait jeté un sort au village et les habitants entendirent une voix qui leur disait Djifer (refusez), et Maan partit du village sans savoir que Diambone y vivait désormais. Elle arriva à Diamniadio (apportes-tu la paix ?) et décida d’y rester. C’est ainsi que l’ethnie des Lébous naquit.

Debo, l’autre sœur, qui était connue pour sa beauté légendaire, partit également à la recherche des jumelles. Son voyage la mena dans une région montagneuse où elle rencontra un berger. De leur union naquit les Peulhs.

Les Diolas, Sérères, Lébous et les Peulhs sont en réalité issus d’une même famille.

Nous sommes tous frères et même si nous l’oublions la plupart du temps, il est bon de s’en rappeler de temps à autre.

Aguene et Diambone
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