Je m’appelle Omar Lam, je suis élève en CE2
« Je m’appelle Omar Lam, je suis un ancien talibé. Depuis quelques mois, je viens tous les jours au centre Adpt élémen’t’erres à Keur Mbaye Fall pour prendre mon petit-déjeuner. Je m’occupe souvent du jardin du centre. J’ai suivi des cours d’alphabétisation avec deux toubabs puis avec un vrai professeur. Le professeur m’a aussi fait des cours en maintenance informatique. Maintenant, je fais les bancs pour la première fois de ma vie, je suis en classe de CE2 de l’école Keur Soa de Grand Mbao. Je suis le plus grand élève de l’école mais j’ai un grand sourire et je suis heureux d’aller en classe le matin quand je me lève à 7 heures. »
L’école Keur Soa se trouve à Grand Mbao, à deux pas de la plage.
Omar Lam est en CE2, et en quelques semaines à peine, il a déjà progressé.
Il ne participe pas en classe et n’arrive pas à prendre tous les cours mais les élèves l’ont intégré et l’entraide est bien présente.
Au programme ce matin, correction des exercices donnés la veille ; une bonne partie des élèves ne possède pas de livre de cours, mais certains se sont débrouillés pour recopier l’exercice le soir, chez un voisin. Nous enchaînons sur une leçon de grammaire. Objectif : repérer le COD.
Puis la matinée s'enchaîne sur une leçon de géographie ayant pour thème : l’orientation.
Un petit aperçu de la décoration de la classe :
Les élèves sont extrêmement participatifs !
A la récré, professeurs et élèves vont dans la rue devant l’école pour acheter des petits encas et des boissons sucrés.
J’en profite pour discuter un moment avec la directrice, Madame Seck.
Avant de retourner en classe, les élèves se mettent sur deux rangs, du plus petit au plus grand, les filles d’un côté, les garçons de l’autre et chacun lave ses mains dans une bassine.
Une punition de rigueur pour les mauvais élèves : on se met à côté du tableau, bras croisés et on se tient les oreilles !
Quelques heures en classe ont suffi pour que je lance la mode à Mbao !
Une règle dans cette classe : on parle en français. La règle est bien entendu transgressée à tout moment, que ce soit par les élèves ou même par le professeur, qui passe parfois en wolof pour être certain d’être bien compris de tous. Quand on parle wolof, on se récolte le « Symbole », qui est tout simplement…un os à moelle.
Les élèves se passent le Symbole d’eux-mêmes et sont aux aguets du moindre mot en Wolof. Omar parle encore trop souvent en Wolof. Cependant, il commence à utiliser le français, par exemple pour nous parler régulièrement sur Facebook quand il se connecte au cyber centre près de chez lui.
Dans cette conversation, il rapporte que sa mère luit a dit de ne plus venir à Keur Mbaye Fall.
Ici, il me demande de publier sur son mur Facebook, les photos de la sortie aux Amis de la Nature :
Ecrit phonétiquement, cela reste du français, et c'est déjà une grande victoire !
Omar, merci à toi !
Un de mes surnoms octroyé par Omar : "Goungoune" qui signifie basilic, car j'en réclamais à Pape pour en mettre dans le thé...
« L’association m’a déjà donné quelques fournitures dont j’avais besoin et bientôt je serai parrainé. »
Un an dans cette école coûte 150€. Un parrain et Omar continue de se lever le matin à 7 heures pour aller à l’école.